Frustré et déçu. Sans aucun doute les deux adjectifs qui résument le mieux ce que j'ai ressenti après avoir terminé A Boy And His Blob. Ce jeu, j'en attendais monts et merveilles. Il avait plein d'atouts dans sa manche pour me plaire. Seulement voilà, il est miné par une somme de petits défauts, qui, mis bout à bout, le rendent parfois insupportable. Explications.
Les vieux gamers se souviennent sûrement des deux épisodes sortis sur NES et Game Boy, en 1989 et 1991. Cette nouvelle mouture Wii risque fort d'enchanter les fans de cette série, vu qu'elle reprend le même principe : de la plates-formes/réflexion. On incarne un petit garçon, qui doit traverser quarante niveaux remplis à ras bord de pièges en tout genre. Le moindre contact avec un pic, un ennemi ou de l'eau, la moindre chute d'une hauteur trop élevée, et c'est la mort assurée. Heureusement, pour l'aider dans sa quête, notre bambino est accompagné par un blob, qui, dès qu'on lui file à bouffer un bonbon, peut se transformer en à peu près tout et n'importe quoi. Au total, une bonne vingtaine de transformations : échelle, trampoline, cric, fusée, enclume, canon, bouclier, parachute, ballon, etc. Tout plein de trucs qui serviront à surmonter les embuches qui entravent notre progression.
Pas de doute, c'est un véritable régal de résoudre tous ces puzzles, grâce à un level design ingénieux à souhait. L'ennui, c'est l'absence totale de difficulté. Il est presque impossible de se retrouver bloqué. Pour compenser, les développeurs ont dispersé trois coffres dans chaque niveau, qui, une fois récupérés, donnent accès à un niveau bonus. Sauf que, là aussi, c'est raté, car les coffres sont super faciles à trouver, à cause de petites loupiotes qui indiquent clairement leur position. Quant aux niveaux bonus, ils sont un poil plus durs, mais c'est surtout dû à l'absence de checkpoint, qui oblige à recommencer au début du niveau à chaque fois que l'on meurt.
Cette trop grande facilité pose problème. Ce qui est intéressant dans ce genre de jeu, c'est justement de bloquer sur une énigme, de se creuser la tête comme un malade, d'essayer plein de choses, pour finalement aboutir à la solution. Et à ce moment très précis, tu as juste l'impression d'être le mec le plus intelligent du monde, qu'à toi, on ne te la fait pas, et que ce putain de jeu, tu l'as bien niqué. Ces petits instants d'extrême gratitude et d'autosatisfaction n'existent pas dans A Boy And His Blob. Et c'est dommage, même si le plaisir ludique est quand même présent.
Je n'ai pas encore parlé de l'histoire. Normal, il n'y en a pas. En fait, A Boy And His Blob nous catapulte de manière assez sauvage dans son univers. A part une petite cinématique vers la moitié du jeu, qui nous révèle deux ou trois trucs sur le scénario, on n'aura pas grand chose à se mettre sous la dent. Pas de dialogue, pas d'interface. Du coup, ceux qui, à cause de la barrière de la langue, hésitent à importer le jeu (seul façon de pouvoir y jouer, vu qu'il n'est pas distribué en France), peuvent le faire sans souci.
Cette absence de narration ne nuit absolument pas au jeu. Quand on n'a rien à raconter, il vaut mieux se taire, et laissez travailler l'imagination du joueur. Surtout que la très élégante direction artistique, sublimée par une 2D de haute volée, se suffit à elle-même pour créer une ambiance unique. Tout a été pensé pour rendre l'ensemble mignon et attachant : le choix des couleurs, de la musique, des bruitages. Il y a même un bouton de la Wiimote assigné pour faire un gros calinou à son blob. Et l'exploit, c'est que le jeu ne tombe jamais dans l'écueil de la niaiserie.
Pour le moment, le tableau est presque idyllique. Sauf que la maniabilité lourdingue de A Boy And His Blob gâche tout. Dans ce domaine, j'ai rarement vu un jeu aussi imblairable que celui-là.
Premier défaut de la maniabilité : son manque de souplesse. Le menu circulaire, qui permet de sélectionner les transformations du blob, est très chiant à utiliser, car imprécis au possible. Combien de fois je me suis planté dans le choix à cause du stick du Nunchuk, beaucoup trop sec. A la limite, vu qu'il ne s'agit que d'un menu, ça passe encore. Sauf que dans le jeu, c'est la même chose. Dès qu'il s'agit d'être précis et rapide, notamment contre les cinq boss, c'est à s'arracher les cheveux tellement c'est rigide.
Second défaut, le pire de tous : la crétinerie totale du blob. Il ne comprend rien à ce qu'on lui demande. A côté, même le plus débile des Lemmings est un Einstein en puissance. Tu lui balances un bonbon à un endroit surélevé, dans un passage étroit mais suffisamment grand pour qu'il puisse y accéder. Et bien non, cet abruti fini n'arrive pas à l'atteindre, ou alors au bout de trois plombes. Idem quand tu le siffles pour le faire revenir à tes côtés. Il galère comme un porc, alors que le chemin est souvent très simple. Vous vous rappelez du bouton pour faire un câlin ? Dans ces moments-là, on regrette que les développeurs n'aient pas pensé à assigner un autre bouton pour péter la gueule de son blob. Ça soulagerait.
A Boy And His Blob, ou comment gâcher un jeu à fort potentiel ludique et artistique par une maniabilité exécrable. Il m'a tellement frustré par moment que j'ai failli abandonner plusieurs fois en cours de route. C'est vraiment dommage car l'univers est charmant, la réalisation 2D magnifique, et les puzzles agréables à résoudre. Les jeux de plates-formes/réflexion étant bien rares à notre époque, je le conseille tout de même. Mais vous êtes prévenus.